1 Les incidents traités cette semaine

1.1 L’injection de code indirecte, ou Cross-Site Scripting

La recherche de sites vulnérables permettant de réaliser des attaques par injection de code indirecte (cross site scripting, ou XSS) se systématise. Ainsi, une cinquantaine de sites publics n’ont pas la robustesse nécessaire face à ces attaques.

L’attaque permet d’injecter des données (généralement des scripts) via le site vulnérable et d’exécuter des commandes malveillantes sur le poste de l’internaute qui le visite. Sont potentiellement vulnérables tous les sites qui retournent à l’internaute une donnée que celui-ci a précédemment fournie. Deux exemples :

  • un moteur de recherche qui affiche « réponses pour la recherche : » suivi des mots clés entrés par l’internaute ;
  • un site avec personnalisation affichant « Bienvenue » suivi de l’identité ou du pseudo de l’internaute.

Plus généralement, dès que l’internaute peut entrer une donnée dans un formulaire, la question du XSS se pose.

Comment l’attaque fonctionne-t-elle ? La donnée entrée dans le formulaire contient des caractères spéciaux, qui peuvent être interprétés en HTML (<, >, /,…). S’il s’agit d’une attaque XSS, l’entrée pourra contenir un fragment de la forme <SCRIPT>….</SCRIPT>.

Le processus d’acquisition et de validation des entrées ne fait pas de vérification lexicale et syntaxique :

  • il ne rejette pas les entrées non conformes ;
  • il n’élimine pas les caractères inattendus (si l’entrée doit être le nom d’un département, le caractère < n’a pas lieu d’apparaître par exemple) ;
  • il ne transforme pas les caractères spéciaux en leurs équivalents affichés sans être interprétés comme code HTML (&lt; , &gt;, /…) ;
  • la page retournée reprend telle quelle la chaîne de caractères entrée par l’internaute.

Le navigateur de l’internaute interprête le fragment <SCRIPT>….</SCRIPT> que l’internaute avait entré dans le formulaire. L’exécution du script se déroule sur le poste du visiteur. Ce script sera exécuté selon les autorisations que l’internaute a positionnées en fonction du site qu’il visite. Ces autorisations se matérialisent par l’utilisation des zones (internet, intranet, sites de confiance) dans Internet Explorer ou par des listes blanches dans des extensions de Firefox telles Noscript). Plus le site est censé être de confiance (institutions publiques, banques…), plus le contexte d’exécution du script sera permissif et plus le risque sera élevé.



Pourquoi un internaute entrerait-il dans un formulaire des caractères dont l’effet peut lui être néfaste ?

La question ne porte pas sur une action volontaire, mais sur une action mal maîtrisée, comme le clic sur un lien dans une autre page web ou dans un courriel rédigé en HTML : le lien apparent est inoffensif, mais masque le lien réel qui contient l’entrée malveillante (script injecté).



Les développeurs de ces sites doivent être particulièrement vigilants dans le filtrage des entrées fournies par l’internaute. Le CERTA recommande de réaliser systématiquement un contrôle lexical et syntaxique sur les données saisies dans les formulaires. Le contrôle sémantique permet d’affiner le filtrage syntaxique.

Documentation

2 Le mois des vulnérabilités ActiveX MoAxB

Le CERTA renouvelle sa recommandation de désactiver les contrôles ActiveX dans Internet Explorer.

Après le mois des vulnérabilités des navigateurs, puis celui des vulnérabilités du langage PHP ou encore celui des vulnérabilités de MacOS, le mois de mai 2007 est déclaré mois de la recherche des failles ActiveX (MoAxB pour Month of ActiveX Bugs).

http://moaxb.blogspot.com/

Pour l’instant des applications non majeures sont touchées. Les quatre premiers avis publiés concernent en réalité des applications tierces comme des contrôles ActiveX de la société officeocx, qui permettent la visualisation de documents Microsoft Office dans le navigateur. Ces composants ne sont par largement répandus, mais il est probable que d’autres vulnérabilités feront prochainement leur apparition.

Il existe aujourd’hui de nombreuses vulnérabilités non corrigées directement liées aux ActiveX et touchant en particulier Internet Explorer. La position du CERTA sur ces composants est rappelée à cette occasion. Ces composants sont intrinsèquement dangereux. Le CERTA recommande donc vivement de vérifier que les options ActiveX sont désactivées correctement dans le navigateur Internet Explorer. Elles ne doivent être utilisées que ponctuellement, au cours de la visite de pages web de confiance. D’une façon générale, les vulnérabilités propres à ces composants permettent de contourner la politique de sécurité (paramètres des zones de sécurité), d’exécuter des codes à distance ou encore de voler des informations.

Comme cela a déjà été souligné à l’occasion de nombreux articles (à titre d’exemple 3 alertes en 2005 : CERTA-2005-ALE-001, CERTA-2005-ALE-005, CERTA-2005-ALE-013), il peut être utile de prévoir l’utilisation d’un autre navigateur comme par exemple Firefox, Opera ou K-Meleon.

Pour désactiver ActiveX sous Internet Explorer :

  • Ouvrir Internet Explorer
  • Cliquer sur le menu « Outils »
  • Choisir « Options Internet »
  • Afficher l’onglet « Sécurité »
  • Cliquer sur « Personnaliser le niveau »
  • Sélectionner « Désactiver » pour les lignes suivantes :
    • Contrôles ActiveX reconnus sûrs pour l’écriture de scripts
    • Contrôles d’initialisation et de script ActiveX non marqués comme sécurisés
    • Exécuter les contrôles ActiveX et les plugins
    • Télécharger les contrôles ActiveX (signés et non signés)

3 Imperfections protocolaires sous IPv6

Le CERTA a publié l’année dernière une note d’information concernant IPv6, et en particulier certains aspects de sécurité à considérer. L’un d’eux correspond à une extension des en-têtes IPv6, le « routage par la source ». Celle-ci est prise en compte par les éléments intermédiaires et destinataires du paquet.

Cette fonctionnalité existe déjà sous IPv4, mais reste très peu utilisée. L’objectif est que l’émetteur du paquet, la source, puisse désigner des nœuds particuliers dans le réseau par lesquels le paquet doit circuler pour arriver à destination.

Sous IPv4, l’option LSR (pour Loose Source Routing) indique qu’une série d’adresses se trouve en complément dans l’en-tête. A chaque nœud intermédiaire (comme un routeur), l’adresse dans le champ destination est modifiée par une des adresses de la liste, dans l’ordre de cette dernière. Par ailleurs, sous IPv4, la longueur du champ option reste limitée (40 octets), ce qui empêche l’emploi abusif d’options.

Sous IPv6, le fonctionnement est identique, mais les documents de référence (dont le RFC 2460) fournissent moins de précisions. Une traduction du texte pourrait être : « L’en-tête de routage est utilisée par une source IPv6 pour lister un ou plusieurs nœuds intermédiaires qui devraient être rencontrés en cours d’acheminement vers le destinataire final. (…) L’en-tête de routage est identifiée par la valeur 43 dans le champ En-tête Suivant

Cette en-tête possède un format faisant intervenir quelques champs :

  • le champ En-tête Suivant, ou Next Header, qui signale si une autre extension est utilisée après celle pour le routage par la source ;
  • le champ Header Length, qui spécifie la longueur totale de cette extension, données comprises ;
  • le champ Routing Type, qui caractérise le routage par la source. Nous nous intéressons ici à celui de valeur 0, le plus commun. La valeur 1 n’est pas utilisée, et la valeur 2 n’est exploitée que par les piles IPv6 mobiles MIPv6.
  • le champ Segments Left, qui indique quels éléments de la liste de nœuds intermédiaires ont déjà été rencontrés, et ceux qu’il reste ;
  • le champ de données, qui comprend donc la liste des nœuds intermédiaires.

Des imprécisions existent à ce sujet, et en particulier :

  1. Quel élément doit interpréter ces en-têtes ? Il est bien précisé que cela concerne tout nœud intermédiaire, un nœud étant défini comme un système qui met en œuvre IPv6. Cela peut donc aussi bien être un routeur qu’une machine hôte.
  2. Les mêmes nœuds doivent accepter et analyser toute extension dans l’en-tête IPv6, quel que soit l’ordre d’apparition des extensions dans l’en-tête, et leur occurrence.
  3. la limite sur la taille de l’extension dans le paquet est bien trop laxiste (taille max du paquet IPv4, ou 2048 octets) ;
  4. etc.

Ces imprécisions peuvent être utilisées à des fins malveillantes. Une présentation récente a ainsi montré que des systèmes d’exploitation interprétaient par défaut cette extension (respectueux de la RFC 2640, comme FreeBSD, NetBSD ou OpenBSD), tandis que d’autres ont choisi de jeter tout paquet l’utilisant, estimant que cette extension n’est pas justifiée (Microsoft Windows XP SP2 et Vista par exemple). S’appuyant sur cette particularité, il est possible :

  • de lancer des requêtes traceroute par des routes bien précises, afin de tester la capacité des nœuds à gérer cette extension ;
  • de contourner certaines propriétés de la technologie anycast (utilisée par plusieurs serveurs DNS) afin d’identifier et de perturber les différentes machines impliquées (les différents miroirs d’un serveur DNS par exemple) ;
  • de véhiculer pendant une longue période (plusieurs dizaines de secondes), un paquet IPv6 entre deux nœuds intermédiaires, afin d’occuper la bande passante, ou de stocker provisoirement des données dans les réseaux ;
  • etc.

Il est en revanche très difficile de filtrer proprement cette extension, car chaque matériel a sa propre méthode. Cisco propose par exemple pour IOS la commande no ipv6 source-route.

3.1 Recommandations du CERTA

Que conclure ? Tout d’abord, cette extension propre à IPv6 est dangereuse, car elle présente pour l’instant des risques, tandis que son utilisation légitime reste très limitée. Il faut donc prendre quelques précautions, tant au niveau du réseau qu’au niveau des postes terminaux :

  • vérifier que les outils de filtrage permettent de rejeter tout paquet contenant une telle extension ;
  • mettre à jour les systèmes d’exploitation. FreeBSD a ainsi fourni une mise à jour pour limiter les impacts (cf. section Documentation) ;
  • consulter le document CERTA-2006-INF-004 pour obtenir de plus amples détails sur la désactivation des piles IPv6 (quand leur activation n’est pas justifiée) ;
  • journaliser et consulter les traces liées au trafic IPv6, ces dernières pouvant souvent être ignorées ou oubliées.

3.2 Documentation associée

4 Vol d’identifiants, et conséquences

Récemment, un certain nombre de cas de filoutage touchant le site de réseau social MySpace a été observé. Le vol d’identifiants d’applications non critiques telles que ceux de ce site MySpace, ou bien même MSN, etc. semble inoffensif mais peut avoir des conséquences importantes.

Le site MySpace offre à disposition de ses membres enregistrés un espace Web personnalisé. Mais il aurait pu s’agir en réalité de tout autre service en ligne nécessitant un accès contrôlé par identifiant et mot de passe. Ces derniers ne manipulant pas a priori de données trop sensibles (bancaires ou personnelles, même si…), les utilisateurs sont plus enclins à choisir des mots de passe faciles à retenir, et souvent très « faibles ». Cela peut avoir plusieurs conséquences, pas toujours envisagées au moment du choix des identifiants.

En effet, l’identifiant volé peut ensuite servir de plusieurs manières malveillantes :

  • réutilisation de ce même identifiant dans d’autres programmes plus sensibles : cela part du postulat que l’utilisateur a gardé le même mot de passe (ou très proche) pour d’autres services en ligne ;
  • ingénierie sociale : la personne malveillante se fait passer pour l’utilisateur pour avoir des informations complémentaires le concernant ;
  • envoi de spam via la liste de contacts disponible dans l’espace personnel ;
  • etc.

Il est donc important de choisir des mots de passe forts pour tout type d’application, qu’elle soit critique ou qu’elle semble plus « banale ». La note d’information du CERTA CERTA-2005-INF-001 accessible à l’adresse

http://www.certa.ssi.gouv.fr/site/CERTA-2005-INF-001/index.html
rappelle les bonnes pratiques en ce qui concerne laconstruction d’un mot de passe fort.

Enfin, les réponses aux « questions secrètes », souvent utilisées pour récupérer un mot de passe oublié, sont un des maillons faibles. En effet, elles sont trop souvent un mot du dictionnaire, alors qu’elles sont aussi importantes que le mot de passe. Il est donc vivement recommandé de ne pas utiliser ce moyen ou de renseigner une réponse construite sur les mêmes règles que les mots de passe forts.

5 Vocabulaire informatique

Le vocabulaire informatique français vient de s’enrichir. En effet, la commission générale de terminologie et de néologie a publié une liste de termes informatiques nouveaux et de traductions. Cette liste peut être consultée à l’adresse :

http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=CTNX0710138K

Le CERTA pourrait prochainement utiliser ces nouveaux termes dans ses productions, comme, par exemple, le verbe « implémenter ».

6 Liens publicitaires sous Google

Le moteur de recherche Google affiche, en réponse à une requête, quelques liens publicitaires. Ces liens sont construits de la manière suivante : les sociétés achètent leur apparition dans Google pour certains mots-clés. Seulement Google a également une autre caractéristique lorsqu’il retourne une réponse : le passage de la souris sur un lien standard affiche dans la barre d’état l’adresse réticulaire qui va être ouverte, tandis que cette option n’existe pas pour les liens commerciaux.

Voici donc un scénario possible :

une société malveillante achète son affichage dans Google pour le mot clé VWXYZ. Toute personne voulant accéder au site www.VWXYZ.tld peut le faire en tapant naturellement VWXYZ dans son moteur de recherche. Le lien commercial peut présenter sous Google un bref résumé qui laisse à penser qu’il s’agit bien du site officiel www.VWXYZ.tld. On suppose donc ici que VWXYZ n’apparaît pas, car n’a pas acheté de liens commerciaux correspondant à son nom comme mot-clé dans Google. L’utilisateur qui approchera sa souris du lien commercial proposé ne verra pas apparaître la véritable URL dans sa barre d’état, ce qui ne l’aidera pas à avoir quelques soupçons. En revanche, lorsqu’il cliquera dessus, on peut imaginer qu’il soit redirigé vers :

  • un site de filoutage (phishing) ressemblant fortement à www.VWXYZ.tld
  • un site concurrent à VWXYZ, qui adaptera alors son offre
  • un site contenant du code malveillant
  • etc.

Tout cela, sans oublier également que la société malveillante touchera à chaque clic sur le lien commercial de l’argent, grâce à l’exploitation de la popularité de VWXYZ.

Ce scénario peut sembler invraisemblable, mais il a déjà été signalé dans quelques cas pour des sites étrangers.

Le CERTA recommande donc de vérifier occasionnellement les résultats retournés par les moteurs de recherche, afin de détecter tout abus similaire au cas précédemment exposé.

7 Nouveauté côté OpenBSD

Le projet OpenBSD a publié cette semaine la nouvelle version de son système d’exploitation : OpenBSD 4.1. Seules les deux dernières versions sont maintenues par les développeurs. OpenBSD 3.9 est donc maintenant osbolète. Il conviendra de procéder à une migration dans les plus brefs délais si vous disposez encore de ce système en production. Outre les habituelles corrections de bugs et de nouveau type de composants pris en compte comme les processeurs UltraSparc III, on notera des améliorations fonctionnelles dans le pare-feu PacketFilter :

  • règles ‘stateful‘ par défaut (i.e. à état, dans le sens du protocole TCP) ;
  • filtrage sur les drapeaux ‘TCP’ par défaut.
Ces modifications rendent ainsi l’écriture et la lisibilité des règles de filtrage plus facile.

Vous pouvez consulter la liste complète des changements apportés à la version 4.1 de OpenBSD à :

http://www.openbsd.org/41.html

Rappel des avis émis

Dans la période du 23 au 29 avril 2007, le CERT-FR a émis les publications suivantes :


Durant la même période, les publications suivantes ont été mises à jour :